Château de Montségur | |||
![]() Le château de Montségur dominant le village. | |||
Nom local | (oc) Montsegur | ||
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Protection | ![]() |
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Coordonnées | 42° 52′ 32″ nord, 1° 49′ 57″ est | ||
Pays | ![]() |
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Région historique | Comté de Foix | ||
Région | Occitanie | ||
Département | Ariège | ||
Commune | Montségur | ||
Géolocalisation sur la carte : Ariège
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
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Le château de Montségur (Montsegur en occitan), construit en 1206, est un château qualifié de « cathare», situé dans la commune de Montségur, dans le département français de l'Ariège et la région Occitanie.
Ce château fut implanté à l'emplacement arasé de l'ancien village fortifié qui constituait, jusqu'au siège de 1244, un lieu de séjour des cathares et des faydits. Les cotes architecturales démontrent que le château actuel fut conçu sur la base de la canne anglaise qui ne fut introduite qu'ultérieurement, ce qui prouve que celui-ci a été partiellement reconstruit après la reddition cathare de 1244 par la famille du nouveau seigneur des lieux, Guy II de Lévis.
Le château, fortement remanié ou reconstruit à la fin du XIIIe siècle, est situé sur le point culminant de la montagne qui surplombe le village, à 1 207 mètres d'altitude au-dessus du pays d'Olmes.
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Le château sur le site actuel a connu trois époques majeures au cours desquelles la forteresse se transforma peu à peu.
Une première forteresse, signalée dès le XIIe siècle, fut érigée au sommet de la montagne, appelée aussi pog. Un pog, est l'interprétation libre, par Napoléon Peyrat, d'une forme ariégeoise du mot occitan puèg / puòg, du latin pŏdĭum, signifiant « éminence », puech à Nîmes, voire puy ailleurs en France, pour désigner la montagne en forme de pain de sucre de Montségur. Cette version est désormais communément admise, mais exclusivement au bénéfice de Montségur.
On sait peu de choses de cette première forteresse, si ce n'est qu'elle était en ruines aux alentours de 1204, date à laquelle le village fortifié cathare fut bâti sous la direction de Raymond de Péreille. C'est le village fortifié ou castrum auquel les archéologues ont donné le nom de Montségur II.
Le dispositif défensif de cette forteresse était différent de celui que l'on connaît actuellement. Le castrum en lui-même comprenait la demeure fortifiée du seigneur des lieux Raymond de Péreille, le castellum ou castèl en occitan (qui fut éventuellement légèrement restauré par la maison de Lévis) et le village cathare de l'époque entourés par une enceinte fortifiée. Du côté de la route actuelle, se dressaient trois murs de défense dont le premier se situait au niveau du guichet actuel pour la visite du château. De l'autre côté du pog, à 800 mètres environ, se trouvait une tour de guet (au Roc dit de « La Tor », la tour) surplombant une falaise de 80 mètres. L'entrée du castrum qui donne sur cette tour de guet était défendue par une barbacane. À l'intérieur de l'enceinte de la forteresse, se dressait un village dont il ne reste que quelques terrasses au nord-ouest du château actuel. Sur ces dernières, on trouve les fondations de plusieurs habitations, des escaliers pour communiquer entre les terrasses, une citerne et un silo.
Montségur abrita une communauté cathare importante. En 1215, le concile de Latran cite la forteresse comme étant un repaire d'hérétiques. En 1229, le rôle de Montségur comme abri pour l'Église cathare est réaffirmé dans le traité de Meaux-Paris. À partir de 1232, ce rôle ne cesse de se renforcer. Parallèlement, le château accueille également les chevaliers faydits dépossédés de leurs terres par le traité de Meaux de 1229. Au nombre de ces derniers figure Pierre-Roger de Mirepoix, le maître militaire de Montségur et cousin de Raymond.de Péreille.
Dans la première moitié du XIIIe siècle, la forteresse subit pas moins de quatre sièges dont un seul fut couronné de succès :
Ce dernier fut déclenché par le massacre de quelques inquisiteurs en 1242 à Avignonet par une soixantaine d'hommes issus de la garnison de Montségur. Le sénéchal de Carcassonne et l'archevêque de Narbonne Pierre Amiel furent chargés d'assiéger la forteresse, sur l'ordre de Blanche de Castille et de Louis IX. En mai 1243, les croisés, au nombre d'environ 6 000 hommes, entourent Montségur.
L'équilibre des forces perdura jusqu'à Noël 1243 où une poignée d'« alpinistes » parvint, à la suite d'une escalade audacieuse effectuée de nuit, à se rendre maître de la tour de guet. À partir de ce moment, un trébuchet fut acheminé et monté, qui bombarda sans relâche la position des assiégés comme en témoignent les nombreux boulets de pierre taillée retrouvés sur le site. Environ un mois plus tard, peut-être à la suite d'une trahison locale, la barbacane tomba aux mains des assaillants.
Un dernier assaut lancé en février fut repoussé mais laissa les assiégés très affaiblis.
Le , Pierre-Roger de Mirepoix se vit contraint de négocier la reddition de la place forte. Les termes en furent les suivants :
Le , la forteresse s'ouvrit à nouveau. Tous les cathares qui refusèrent de renier leur foi périrent sur le bûcher qui fut dressé pour un peu plus de deux cents suppliciés dont la femme, la fille et la belle-mère de Raimond de Péreille : après avoir distribué tout ce qu'ils possédaient à ceux qui les avaient défendus durant dix mois, les parfaits de Montségur furent enfermés dans un enclos préparé au pied de la montagne puis les croisés mirent le feu aux fagots qui y étaient entassés. En tout, deux cent vingt hommes, femmes et une jeune fille (tous « volontaires » ; les jeunes furent dissuadés par leurs parents de se joindre à eux…) périrent dans le brasier. Parmi eux se sacrifièrent des soldats de la garnison qui n'avaient pas voulu les abandonner. Il fut rapporté que certains chantaient.
Pour certains, le bûcher aurait été monté à 200 mètres du castrum dans le « Camp dels Cremats » (le champ des brûlés) où une stèle fut par la suite érigée par la contemporaine Société du souvenir et des études cathares. Sur la stèle figure l'inscription : « Als catars, als martirs del pur amor crestian. 16 de març 1244 ». Pour d'autres, le lieu réel du bûcher était placé sur la colline au-dessus du parking à droite du col en se rendant sur Montferrier. Selon Yves Dossat, le « bûcher de Montségur » relève de la légende : selon cet auteur les cathares arrêtés à Montségur ont été conduits à Bram où ils ont été interrogés par l’Inquisition, puis livrés aux flammes. Par contre, dans Citadelles du vertige (Toulouse, Privat, 1966) Michel Roquebert situe le bûcher à Montségur au « prat das cramats ».
Sur les 220 suppliciés du , on peut en identifier 63, dont la liste est fournie ci-dessous.
Après la prise du château en 1244, la possession du pog revint à Guy II de Lévis, maréchal de la Foi, seigneur officiel de Mirepoix depuis le traité de 1229. Les restes du village cathare furent rasés ainsi que l'enceinte fortifiée extérieure. Le castellum fut-il restauré et réaménagé (?)pour y poster une garnison d'une trentaine d'hommes qui resta présente jusqu'au traité des Pyrénées au XVIIe siècle. Certains documents [Lesquels ?] mentionnent le château comme étant « défensable » en 1510.
Au fil des décennies, le château finit par être abandonné.
Le château fut classé monument historique en 1862 et le puòg sur lequel il est situé rejoint ce classement en 1883. Les vestiges archéologiques et les lignes de défenses sont classés en 1989.
Depuis, le site n'a cessé d'enflammer les imaginations à un tel point que beaucoup n'ont pas hésité à fouiller le puòg à titre personnel en raison des mythes développés autour du site.
Paradoxalement, la campagne de restauration du château entamée en 1947 freina ces dégradations et effaça dans le même temps certains indices archéologiques. Cette restauration motiva une prospection spéléologique de la montagne, menée par la Société spéléologique de l'Ariège. Cette dernière aboutit, en 1964, à l'exhumation d'une sépulture dans l' avenc du trébuchet .
En 1968 est fondé le GRAME (Groupe de recherche archéologique de Montségur et environs). Ce dernier a déjà conduit plusieurs campagnes de fouilles sur le site.
On doit à l'ariégeois Napoléon Peyrat, vers 1870, la redécouverte enthousiaste de Montségur ; et à sa plume inspirée, l'atmosphère romantique qui depuis lors habite le lieu. Au point qu'il est encore difficile aujourd'hui à un certain public d'admettre que le temple de Paraclet n'est qu'un petit château français du XIVe siècle. En outre, une légende affirme que Montségur a été le lieu de refuge des derniers templiers, après la suppression de l'ordre par le pape Clément V.
Chaque année, au solstice d'hiver, le premier rayon de soleil à l'horizon traverse le château dans sa longueur et, au solstice d'été, il traverse les quatre archères du donjon au nord-ouest avec une précision millimétrique. Un phénomène comparable est visible à Quéribus.
Montségur est supposé avoir abrité le riche trésor de l'église cathare. De ce supposé trésor nous ne savons que peu de choses. Deux faits alimentent les suppositions autour de ce trésor.
Le premier, est la fuite à cheval du parfait Mathieu et du diacre Bonnet aux environs de Noël 1243 emportant avec eux « de l'or et de l' argent et une grande quantité de monnaie ». On pense que ce trésor est parvenu en Italie à Crémone, lieu d'Italie où une autre communauté cathare importante a vécu. Cette supposition est renforcée par les correspondances épistolaires avérées entre les deux communautés.
Un deuxième trésor aurait été sauvé durant la trêve de mars 1244 puisqu'il est fait état de quatre individus s'enfuyant de Montségur avec un chargement. Les historiens conjecturent que ce trésor réunissait les nombreux textes hérétiques conservés par les Parfaits dans la forteresse.
Montségur a été considéré comme étant le château du Graal. Le Graal aurait été une des pièces du trésor de l'Église cathare : la coupe dans laquelle Joseph d'Arimathie aurait recueilli le sang du Christ sur le mont Golgotha ou bien l'émeraude tombée de la couronne de Lucifer lors de la chute des Anges. L'Allemand Otto Rahn a été l'artisan zélé de ce mythe que lui avait inspiré un érudit d'Ussat-les-Bains, Antonin Gadal. Une autre tradition nous dit que le Graal serait toujours enfermé à l'intérieur de la montagne de Montségur.
Otto Rahn avait étudié l'histoire des cathares et était passionné par ce Languedoc riche en « légendes ». En 1932, il s'était installé dans la petite station thermale d'Ussat-les-Bains à l'hôtel Les Marronniers dont il avait pris la gérance. Grâce aux théories poétiques d'Antonin Gadal, il écrivit la Croisade contre le Graal qui participa activement, après le premier essai sur Montségur de Napoléon Peyrat, au regain d'intérêt pour l'Occitanie.
Le siège de Montségur et le bûcher du « Camp dels Cramats » qui a suivi ont inspiré divers artistes et groupes dont le célèbre groupe de heavy metal Iron Maiden qui en a fait une chanson présente sur l'album Dance of Death. Mais l'œuvre majeure centrée sur le château ariégeois est la chanson que lui a consacré le poète et chanteur occitan Claude Marti dans les années 1970. Aussi, le premier CD d'Era tourne autour des cathares.
En 2003, Maxime Aulio compose un poème symphonique pour trombone solo et orchestre d'harmonie, intitulé Montségur, la Tragédie Cathare.
Claude Nougaro évoque le château de Montségur dans sa chanson Gloria, issue de l'album Femmes et Famines sorti en 1975.
L'office du tourisme de Montségur organise les visites guidées du château de février à décembre (sauf en cas d'intempéries). L'accès au château se fait par un sentier de montagne (non accessible aux handicapés) avec une marche d'environ vingt minutes.
Dans le livre d'initiation au jeu de rôle Nephilim, le scénario proposé se déroule en partie dans le château de Montségur.